Petits poèmes de Nuits - suite -

 

Herbes folles

Mots à maux

"Une saison de machettes"

N'être ou mourir ? 

 Entre la bourse et la vie

 

Herbes folles 

fleurissent,

folâtres,

offertes au mointe souffle

houle légère sous le vent

discrète, exubérante explosion de formes

parfum subtil

 s'y embusque la tomise aux aguets,

arrimé à une tige, le papillon y attend le retour du soleil 

la sauterelle immobile dans les profondeurs,

reste prête au grand saut...au cas où... 

et mille pétales-étoiles illuminent les vagues 

folles, sauvages, les herbes

mais jamais mauvaises... 

elles ont la vie chevillée à la tige !  

juin 2007 

 

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 Mots à maux 

mots dire

dire et redire les maux 

maux du monde

mots de-mon,

cris et fureur, mots poubelles, 

belles paroles, promesses en couronnes,

fleurs artificielles toujours déjà fanées...

tourbillon de mots où s'oublie le silence... 

silence,

mots chuchotés, murmurés,

bouche à oreille

reçus, caressés, donnés,

goûtés à demi-mot

fleurs d'un éphémère printemps, mais si poignant

a chaque retour

mots-pétales à mi-voix pour guérir les maux

Peut-être ?

 

juin 2007                                   

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"Ue saison de machettes"

une saison en enfer

enfermés, en rond on tourne et on retourne

là où on aurait cru ne jamais revenir...

 

une saison en enfer

a tranché dans le Vif

dans le vivant de l'être

l'être Humain surtout,

coupé en plein élan

quand l'humain n'était plus que fuite éperdue,

quand l'Autre n'était plus

qu'à re trancher...

 

une saison de machettes :

les uns re tranchés,

en fuite, perdus, perdue la parole...

les autres re tranchés d'eux-mêmes à force de croire

a la folle nécressité de retrancher la différence,

retranchés de la parole, devenus muets et sourds.

les uns et les autres

retranchés de la pensée, coupés de leurs membres, coupés de leurs racines

coupés de leur vie,

gisant au fond de tranchées d'humanité, de boue, de non-sens...

 

Gare à la soustraction !

quand il y a "en trop" , attention, danger...

trop

trop de bouffe,

trop de pubs,

trop de consommation,

tro d'inégalités,

trop de ventes d'armes,

trop de guerres

trop de laissés pour compte...

 

Quand on commence à compter

on commence à retrancher :

moins

moins d'enseignants à la rentrée,

moins de tribunaux,

moins de crédits pour la culture

moins de services publics,

moins d'accuel pour les réfugiés de tout poil...

 

on compte, et on recompte, et on retranche :

vous m'en expédierez vingt-cinq mille au diable d'ici la fin de l'année !

ces gens-là

on n'en veut pas

on n'en veut plus

on les jette

on les rafle

on les "retient" en attendant

il ne sont pas "détenus", mais "retenus dans des lieux fermés"

 

Insidieusement les mots changent de sens,

...au cas où l'humaine conscience viendrait à s'insurger...

con somnolez trnquilles, bonnes gens,

ne bougez pas, il n'y a rien à entendre...

si d'aventure quelque malaise vous tient éveillé

tout ira mieux, c'est juré,

quand on aura re tranché tous ces mots-dits

causes de tous nos maux...

 

Quand il n'y a plus de mots dits

quand ils ont été soigneusement "coupés"

on se réveille en enfer

saison d'épouvante

stupéfaction effarée

pour les condamnés à survivre..

.décembre 2007

 il ne faut pas manquer de lire les trois livres de Jean Hatzfeld (ed. seuil) :

 

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N'être ou mourir ?

Rire ?

Mourir de rire, mourir d'ennui, mourir d'envie...

 

n'être plus, ne pas être

ne pas – ne plus – exister

ex – sister

pour in-sister, peut-être ?

Qu'est ce qui peut donc être ?

Être et insister...

 

peut-Etre encore :

Vivre en existant, vivre en insistant..

deux manières d'être, en Somme

qui viendraient s'ajouter

tout en se jouant

tout en se jouant des maux et des mots...

 

Mort, fin d'une existence,

Mais pourquoi fin de Vie – la Vie insiste tellement - ?

Ou alors, mort, faim de vie...

 

Petites boucles de nos existences, ouvertes en naissant, closes en mourant...se tiennent entre elles en ribambelles,

viennent de si loin, vont on ne sait où...(pour le meilleur Et pour le pire !)

 

Etre ensemble en embrassant des temps qui nous débordent

de toutes parts

ensemble embarqués au coeur d'un ballet de galaxies occupées à des jeux

dont nous n'avons pas idée...

 

La vie en nous ne peut pas se laisser emprisonner dans chacune de nos petites boucles :

forcément, elle déborde.

 

Elle ne se laisse ni prendre ni comprendre,

s'échappe quand on croit la saisir,

se joue de nos compétences

et sérieux discours...

 

Pour-être, nous reste-t'il, avec elle

d'en rire ?

 

Ah, si de mourir nous pouvions – nous savions- au moins

 

garder Rire !

Novembre 2007

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Entre la bourse et la vie

j'ai le choix

au détour du grand chemin

quand surgit le ban dit,

la parole du banni

le ban- dit désigné...

 

entre le bourse et la vie

aujourd'hui la guerre est déclarée

la guerre de la Bourse

contre la Vie

(et aussi, j'espère, la guerre de la Vie contre la Bourse...)

sans merci...

 

« On ne peut pas choisir deux maîtres... » ?

mais si, mais si !

Messie nouveau est arrivé : Malheur aux pauvres !

Malheur aux Sans (papiers surtout)

en surnombre : trop plein à jeter – misère du monde-

par dessus tous les bords ...

Et que débordent les larmes, car la Mauvaise Nouvelle est annoncée aux pauvres !

 

A la croisée des chemins : la bourse ou la vie ?

Attention : jeter la bourse pour préserver la vie, c'est archaïque !

Soyons modernes, le Messie nouveau nous promet la Rupture avec les poussiéreuses vieilleries :

Bienheureux les sujets du Marché, car ils seront gavés

Bienheureux les ménages qui ont le moral, car ils vont consommer, consommer, cons

sommer

(sommés d'être cons somnolents ??) et verront croître et multiplier les dividendes de l'Actionnaire !

 

Bientôt la planète sera à genoux, et on sonnera la charge contre l'Autre, coupable d'inadmissible différence.

 

Faut-il que ce soit le ban dit qui nous réveille avec sa question

 

(chien dent vivace et mordant, impossible à éradiquer) :

 

La bourse ou la vie ?

Novembre 2007

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Herbes folles

Mots à maux

Une saison de machettes

N'être ou mourir ?  

Entre la bourse et la vie