A Roquebrune, samedi 31 mars 2012 :

Dans le cadre de Passerelle, la Francophonie :

La commune, le temps des cerises...





Maryse Belloc lance l'atelier d'écriture

Et nous voici, par la magie de l'atelier, fédérés au 31 mars 1871,

                Aujourd’hui, moi, fonctionnaire parisien, j’ai survécu à la semaine qui a ensanglanté la ville. J’ai marché côte à côte avec les gardes nationaux et les ouvriers.

Encore heureux, je ne fais pas partie de ceux qui seront exécutés. Me voilà condamné à être exporté en Nouvelle Calédonie avec Louise Michel, la vaillante.

Et je peux dire avec elle que nous reviendrons.


              
                Aujourd’hui, je suis vivante. J’ai rencontré des femmes qui seront déportées, qui seront exécutées, qui subiront une répression féroce. Elles n’ont fait que répondre à des provocations. Elles voulaient défendre la patrie, la république.

Et les prussiens campent sur les Champs Elysée !!! Ces femmes ont cru qu’un jour les hommes naîtraient libres et égaux en droit. Ces femmes s’appelaient Marie Leconte, Louise Michel ( elle sera déportée), Elisabeth Dmitrieff, l’envoyée de Karl Marx, Nathalie Lemel, André Leo amie de Bakounine, Paule Mink...

Alors que le pays vient de traverser la plus cruelle des épreuves, elles ont toutes répondu à l’appel et crié : « Aux armes ! »

Demain, je serai morte. Alors ce soir, en fumant un dernier cigare, je pense aux hommes que j’ai aimés, aux hommes avec qui j’aurais pu me marier et puis divorcer, de qui j’aurais été l’égale dans et hors le mariage, dans la responsabilité et le salaire. Je pense aux hommes avec qui j’aurais mené une action politique, une vraie, sans délégation de pouvoir, ni de bureaucratie.

Mais cela ne sera pas. Demain, je serai morte et l’esprit de la Commune me survivra.



      
                Aujourd’hui, j’ai le regard triste. Je me sens si fatigué... Sommes-nous si différents ?

On dit de nous que nous sommes des fleurs de mauvaises herbes, mais nos pétales sont si fragiles. Je revois les miens que l’on a traités de bandits. Je revois leurs bouches fracassées.

On dit de notre peuple qu’il est naïf, mais n’est-il pas simpelment généreux ?

Un jour, chacun de nous deviendra un cheval qui se cabre. Superbe.

Versailles entretient la peur des étrangers. Nous, nous serrons leurs mains, nous nous enrichissons de leur différence pour converger vers l’universel.

Comprendrez-vous un jour ?




            
                Aujourd’hui, c’est une rude journée qui se termine et je me pose enfin. Je me sens lasse et découragée. Je sens que la Commune se meurt. Bien qu’elle ait mis en place des services publics au service de nos citoyens, le peuple continuera à vivre de l’aumône.

Le combat semble perdu. Nous avons craché notre sang à la face des assassins mais cela ne suffit pas pour que la Commune redevienne le centre de la vie politique.

Le jugement de notre ami Cesar a fait surgir les spectres vengeurs sortant de l’ombre.

Lors de l’audience, une citoyenne s’est levée et a chanté, bien droite, à pleins poumons jusqu’à la fin de sa chanson.

L’hymne des ouvriers ne sera jamais oublié.



                Aujourd’hui, j’arrive au bout de ce voyage. Je suis pourtant robuste... mais lasse. Vaincue dans l’attente de la mort. Je fume un cigare, dernier lien à la vie et au plaisir.

Louis Napoleon 3 a déclaré la guerre à la Prusse. La Commune est née. Et puis il y a eu la semaine sanglante.. Tout le temps, j’ai pensé aux mineurs de la Ricamarie. Toujours , ce peuple superbe, généreux et naïf. Un cheval piégé. Plein d’audace.

L’affiche rouge, la Commune. C’est une fleur que l’on assassine.

Place au peuple ! Place aux femmes ! Louise Michel. Elisabeth Dmtrieff. Nathalie lemel. Paule Minck.

J’espère avoir laissé une trace dans mon histoire, dans notre histoire.

Victor Hugo, notre allié, en cette insurrection, sera sans doute un grand témoin de cette page de l’Histoire. Le poète l’écrira.




                   
                Aujourd’hui, je vais être fusillée. Fusillée avec mes amis combattants, hommes et femmes d’un pays libre.

Je suis triste et résignée car je ne verrai pas notre nouveau monde. Mais il émergera un jour.

Je n’ai vu que des bouches fracassées, des combattants tournant en rond comme des chevaux piégés, des vies fauchées...

Ma mort aura-t-elle servi à quelque chose ?



                            Aujourd’hui, il a encore fallu faire la queue pendant des heures. Les animaux sont aussi affamés que nous. J’ai vu des enfants pauvres à qui les boulangers donnaient l’ordre de se serrer le foulard autour de la gorge en nœud coulant. Une belle femme avec des bagues plein les doigts frappait de son ombrelle les blessés de guerre allongés à même la rue.

J’essaie de maintenir mon regard bien droit, vissé à la casquette, juste au dessus du vide. Mais c’est difficile. Quand je vois la tête des autres prolétaires, je sais que j’ai comme eux les joues trop creuses et que ma moustache me couvre la bouche comme un rat.

Les ouvrières que j’ai croisées aux dernières barricades avaient toutes des allures de spectres vengeurs : mentons de pierre, levé haut, et leurs bouches cassées, leurs cris... Le peuple fier ne vivra plus jamais de l’aumône.

Tout le monde dit que Paris est délivré. Mais je vois bien les soldats versaillais avancer. Et des deux côtés, de partout, les anciens braves gens sont secoués par la grande colère.

Pas un seul homme aux bras croisés dans ce nouveau monde qui se fait à coup d’audace et de talent et de fleurs rouges sang.

Tout ce qui rappelle le passé est sommairement exécuté à la face des assassins de l’autre bord. La main sur le cœur de temps en temps. Ils ne savent plus trop où ils en sont entre la peur d’en finir et la certitude en même temps d’avoir raison, entre la nuit et la clarté.

C’est une marée impatiente que je vois se répandre. Je voudrais qu’elle ne finisse pas., qu’elle atteigne les pieds de mes enfants, de leurs petits enfants et des enfants de leurs enfants....






           
                   Voilà. J’arrive au bout de mon chemin. Je n’avais jamais imaginé que ce serait si tôt. La Commune. Toute ma passion, toute mon espérance étaient pourtant pleines d’audace.

Foule sans nombre, insurgée, en armes et en chansons, faisant fleurir des coquelicots partout. L’affiche rouge, nous l’avons signée et placardée avec émotion de 7 janvier. Trois mois seulement que nous n’avons pas eu le temps de voir passer. J’ai tant aimé participer à la rédaction du « Cri du Peuple » : ce peuple a secoué le joug qu’on lui imposait.

Place au peuple !

Place à la Commune !

Il fallait le voir ce peuple, convoqué pour ses élections communales, rendant honneur et dignité à une France dont le gouvernement avait failli à sa mission de défense nationale. Peuple de commerçants, industriels, boutiquiers, ouvriers, penseurs, l’héroïque population parisienne n’a rien lâché quand les spectres vengeurs, les assassins, ont commencé à tuer.

Je vous ai aimées, Elisabeth Dmitrieff, Nathalie Lemel, André leo, Louise Michel, Paule Minck et tous les autres, vous, communards inconnus, mais tout aussi déterminés et courageux. La féroce répression versaillaise ne vous abattra jamais, quand bien même elle vous a assassinés.

Je suis triste. Moins de devoir mourir que de ne pas avoir vu le triomphe de ce peuple de Paris dont je suis. Je ne verrai pas le développement de tout ce que nous avions mis en chantier et qui aurait dû essaimer bien au-delà de Paris.

Mais je continue à y croire pourtant.

On nous tue mais on ne pourra pas tuer ce qui nous anime. Nous resterons dans la mémoire, debouts, quoi qu’on nous fasse aujourd’hui.

Vive la Commune.

Place au peuple !



Après ce retour  dans un passé qui n'est pas sans rapport avec notre présent,


La chorale Echo Ras l' Bol se prépare

à chanter la Commune, le temps des cerises...



Chaleureux accueil par
Marie-Christine Delaye


Quelques révisions...


passerelles musicales d'hier à aujourd'hui...

Mise en bouche...

la commune reste constamment présente




















Marie-Christine Delaye présente la soirée et tous ceux qui y participent


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